- dissolu
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• 1190; lat. dissolutus, p. p. de dissolvere → dissoudre♦ Littér. Qui vit dans la débauche, le libertinage. ⇒ corrompu, débauché, libertin; dissolution, 2o. « Parmi tous ces hommes grossiers, libertins, dissolus » (Gautier). Par ext. (plus cour.) Vie dissolue. Mœurs dissolues. ⇒ dépravé, déréglé, relâché. ⊗ CONTR. Austère, rangé, vertueux.Synonymes :- corrompu- débauché- dépravé- déréglé- dévergondé- libertin- relâchéContraires :- ascétique- austère- chaste- honnête- pur- puritain- rangé- rigide- sage- vertueuxdissolu, ueadj. Qui vit dans la licence. Homme dissolu. Ant. austère, vertueux.⇒DISSOLU, UE, adj.Péj. [Correspond à dissoudre II B]A.— [En parlant d'une pers.] Qui vit dans un excès de plaisir, sans contrainte morale. Synon. corrompu, débauché, dépravé, impudique. Brave soldat dans le bled et amant dissolu à Rabat où je sais qu'il tortura la femme d'un général (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 349). Connaître sur elle ce que je n'avais connu que sur des femmes dissolues : la pureté, sur des femmes rouées, la candeur (GIRAUDOUX, Lucrèce, 1944, p. 91).— P. méton. :• 1. ... lequel est le pire? Jeune, de se refuser aux plaisirs, ou vieux, de les chercher encore? Il est certaines félicités de la chair que poursuit (...) le corps vieillissant, s'il n'en a pas été soûlé dans sa jeunesse. Les adolescences trop chastes font les vieillesses dissolues. Sans doute est-il plus facile de renoncer à ce que l'on a connu qu'à ce que l'on imagine.GIDE, Journal, 1929, p. 909.— Emploi subst. On a dit que les dissolus sont compatissants (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 144).B.— P. méton. Qui témoigne d'un dérèglement moral.1. Vieilli. [En parlant d'un inanimé concr.] Chansons, paroles dissolues (Ac. 1798-1878).2. [En parlant d'un inanimé abstr. (aspect du comportement)] Conduite dissolue. Ces existences dissolues, que termine une mort précoce et misérable, inspirent de tristes réflexions (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 147). Il continua, s'emportant contre la vie dissolue de la jeunesse, revenant à la nécessité de la vertu (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 137) :• 2. Il ne commet jamais une indiscrétion, lui, l'homme de cour qui connaît tous les détours du sérail. Ce sont plutôt propos de table que propos à scandale. Sauf quand il vitupère les mœurs dissolues et la décadence des Portugais aux Indes et de certains prêtres.CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 18.C.— P. ext. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui manque de cohésion, de règles précises. Synon. incertain. Pendant ce dernier demi-siècle, une succession de formules ou de modes poétiques se sont prononcés, depuis le type strict et facilement définissable du Parnasse, jusqu'aux productions les plus dissolues et aux tentatives les plus véritablement libres (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 33).Rem. On rencontre ds la docum. a) Dissolu employé pour dissous. Une fois la prise d'essai (ou prélèvement du métal) dissolue par le bain d'acide nitrique (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 34). b) Un emploi littér. de dissolu où le sens de dissous est encore perceptible, en raison du cont. La couleur délavée, liquide, mauve et dissolue des violettes de Parme (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 594).Prononc. et Orth. :[
]. Mais [ss] double ds LAND. 1834, FÉL. 1851, LITTRÉ, DG et, facultativement, ds BARBEAU-RODHE 1930. L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. dissolue vie (Sermons St Bernard, 113, 6 ds T.-L.). Empr. au lat. class. dissolutus « relâché, dépravé », part. passé de dissolvere, v. dissoudre. Fréq. abs. littér. :55.
DÉR. Dissolument, adv., vx. D'une manière dissolue. Vivre dissolument (Ac. 1798-1878). Attesté en outre ds BESCH. 1845, Lar. 19e-20e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG et QUILLET 1965. — Dernière transcr. ds DG : dis'-so-lu-man. [ss] double également ds LAND. 1834 et LITTRÉ, mais non ds FÉR. Crit. t. 1 1787, ni GATTEL 1841, ni NOD. 1844. L'adv. est admis ds Ac. 1694-1878. — 1re attest. ca 1265 dessoluement (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F.-J. Carnody, II, 48, 1); de dissolu, suff. -ment2.dissolu, ue [disɔly] adj.ÉTYM. 1190; lat. dissolutus, p. p. de dissolvere. → Dissoudre.❖♦ Littér. Qui vit dans la dissolution (2.), le libertinage. ⇒ Corrompu, débauché, libertin. || Vieillard dissolu. — Par ext. (plus cour.). || Vie dissolue. || Mœurs dissolues. ⇒ Déréglé, relâché. || Mener une vie dissolue.1 Qu'une jeunesse dissolue aille chercher ailleurs des plaisirs faciles et de longs repentirs (…)Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes.2 Parmi tous ces hommes grossiers, libertins, dissolus, il en est un, me disais-je, qui croit à la pudeur et sait respecter ce qu'il aime.Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. II, X, p. 13.3 (…) le personnage dissolu que sera toujours Maurice de Talleyrand.Louis Madelin, Talleyrand, III, XXII, p. 221.4 On a dit que les dissolus sont compatissants, que ceux qui sont portés à l'incontinence paraissent d'ordinaire chatouilleux et fort tendres à pleurer, mais que les âmes qui travaillent à demeurer chastes n'ont pas une si grande tendresse.Sainte-Beuve, Volupté, XXI, p. 213.❖CONTR. Austère, rangé, vertueux.
Encyclopédie Universelle. 2012.